ESTEBAN - Etude de Santé sur Environnement, Biosurveillance, Activité physique Et Nutrition |
![]() En mobilisant des outils d'analyse scientifique adaptés, Esteban permettra de mieux connaître notre santé, ses facteurs de risque et de protection, et d'orienter les actions de prévention et de santé publique. http://www.esteban.invs.sante.fr |
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Source : Article publié dans Pharmaceutiques - mai 2014 - Emmanuel Cuzin
L'Institut de veille sanitaire (InVS) lance Esteban, une très vaste étude de santé publique sur l'environnement, l'alimentation, l'activité physique et sur des maladies chroniques fréquentes dont les résultats serviront de référence à la mise en place des futurs programmes de santé publique.
De nombreuses études épidémiologiques ont mis en évidence un lien de causalité entre une alimentation déséquilibrée, une activité physique réduite, une consommation excessive d'alcool et le risque d'obésité, de certains cancers, de maladies cardiovasculaires et de diabète.
Pour piloter les futures actions de santé publique, il est nécessaire de connaître en détail l'état de santé des français et de le surveiller régulièrement. L'étude Esteban (Etude de SanTé sur l'Environnement, la Biosurveillance, l'Activité physique et la Nutrition) est mise en place, en Avril 2014, dans le cadre du Plan National Santé Environnement - PNSE-2 - (issu du Grenelle de l'environnement). Portée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé et le ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, elle est réalisée par l'Institut de veille sanitaire (InVS). Cette étude transversale est menée en France métropolitaine auprès de 4 000 adultes âgés de 18 à 74 ans et de 1 000 enfants âgés de 6 à 17 ans, tirés au sort.
Esteban s'inscrit dans le cadre des missions de biosurveillance, de surveillance nutritionnelle et de surveillance des maladies chroniques, prévues par la loi. Il est établi de la répéter tous les 7 ans. La collecte des données comprend deux questionnaires passés en face à face à domicile lors de 2 visites, le remplissage d'auto-questionnaires sous forme papier ou internet, la réalisation d'une enquête alimentaire en trois rappels des 24 heures et un examen de santé avec prélèvements biologiques qui constitueront une biothèque. Les données de consommation médicale des 12 mois précédant l'inclusion seront obtenues par appariement au Système national d'information inter-régimes de l'assurance maladie (Sniiram).
L'estimation de l'activité physique par questionnaire est complétée, pour la première fois en France, par une mesure objective réalisée à l'aide d'un accéléromètre chez 500 enfants et 1000 adultes.
Esteban permettra ainsi de suivre l'évolution de nombreux paramètres de santé sur le long cours, de repérer certains phénomènes émergents, de mieux connaître la santé des français, ses facteurs de risque et de protection, et d'orienter les actions de prévention et de santé publique.
Cette étude fournira une vision plus globale de la santé sur le long terme puisqu'elle associe environnement, alimentation, nutrition, activité physique et maladies chroniques.
En plus des initiatives nationales Allemagne, Etats-Unis, Canada, un projet de programme européen de biosurveillance est également en cours de développement.
L'étude permettra :
Débutée en avril 2014, les premiers résultats de l'étude sont attendus en 2016.
Le concept de cette étude ambitieuse est particulièrement intéressant, car il reflète une réflexion transversale comme on le prône depuis longtemps en santé publique. La prise en compte de la santé et des maladies chroniques, de la nutrition, de l'activité physique et de l'environnement chimique est judicieuse, car on sait que ces items sont liés les uns aux autres et l'on ne peut plus désormais les étudier séparément. C'est la première fois que cette transversabilité est visible et que les media s'y intéressent. Esteban prend également en compte les connaissances issues des études précédentes de santé publique (Etude Nationale Nutrition Santé (ENNS-2006) et étude Elfe qui suit des enfants, de la naissance à l'âge adulte) ce qui évite les doublons et valorise les travaux précédents.
Cette étude est l'exemple de la rupture de sectorisation des fonctions et des actions qui commence à voir le jour. Jusqu'à récemment, le fonctionnement en tuyaux d'orgues ne permettait souvent de ne prendre en compte qu'un seul item. Cette étude est l'illustration du changement actuel qui se met en place et qui fait travailler ensemble les acteurs issus de cultures et de disciplines différentes.
Par exemple, l'étude de la prévalence de la BPCO va pouvoir être mise en relation avec les environnements de vie, c'est une première.
Elle permettra aussi des comparatifs avec des données d'études étrangères similaires.
L'ambition d'Esteban constitue peut être sa fragilité du fait du nombre d'éléments pris en compte ce qui la rend particulièrement complexe. Espérons qu'elle puisse aller au bout de son ambition et qu'elle puisse devenir une véritable aide à la décision pour les futures politiques publiques santé-environnement.
Oui, si nous nous basons sur les intentions de participation des personnes interrogées lors d'un test d'acceptabilité de l'étude, nous estimons pouvoir atteindre un taux de participation qui permette à l'étude Esteban d'être représentatif de la population française métropolitaine. Nous savons d'après ce test d'acceptabilité que allons être obligés de contacter un nombre élevé de personnes pour atteindre notre objectif, le taux de participation réel étant inférieur à 50 %.
Les résultats concernant le descriptif de la population incluse et les résultats immédiatement mesurables devraient être disponibles fin 2016, sachant que le recueil des données cliniques et biologiques occupe déjà 16 mois. Les mesures des biomarqueurs d'exposition chimique aux polluants de l'environnement seront réalisées de façon centralisée en une seule séquence, lorsque tous les échantillons seront disponibles pour des raisons d'assurance qualité très rigoureuse, car ces analyses ne se font pas en routine. Le recueil sur 16 mois permettra de connaître les variations saisonnières d'exposition à ces substances.
Oui, cette étude est innovante sur de nombreux aspects et nous en attendons beaucoup en termes de résultats utiles en santé publique. Nous avons des informations sur le nombre de BPCO traitées, celles qui sont déclarées, mais pour la première fois nous saurons exactement la prévalence de la BPCO dans la population française à partir du dépistage de la mesure du souffle.
Une autre première est la mesure réelle de l'activité physique des enfants et des adultes grâce à un accéléromètre. Ce type d'étude n'a encore jamais été réalisé en population générale.
Sur les substances chimiques de l'environnement, certaines ont déjà fait l'objet d'études en population (plomb, cadmium, pesticides, PCB...) alors qu'Esteban va doser plus d'une centaine de substances. Nous allons également connaître l'évolution dans le temps de l'imprégnation de certaines substances en les comparant aux résultats de l'Etude Nationale Nutrition Santé (ENNS) réalisée en 2006-2007. Depuis cette date, des mesures réglementaires ont été prises pour diminuer l'exposition à certaines de ces substances, nous pourrons ainsi savoir si ces dispositions ont été efficaces. Ces résultats sont essentiels pour faire savoir aux décideurs quel est l'impact de leurs décisions. Par ailleurs, l'imprégnation à ces substances ayant lieu de façon importante par voie alimentaire, le volet alimentation de l'enquête permettra se savoir quels sont les aliments concernés.
Une dizaine de millions d'euros.