Brûlures :
reconnaître le degré de gravité
et que faire dans chaque cas
Source : Chirurgiens-plasticiens info : Extraits de l'entretien avec le Dr. Sarah de Babeche, unité de soins intensifs des enfants brûlés à l'hôpital Trousseau à Paris - Propos recueillis par Martine Geslin.
- Martine Geslin
Comment déterminez-vous la gravité d'une brûlure ?
- Dr de Babeche Une brûlure profonde se reconnaît principalement par l'absence de douleur et de sensibilité. Les brûlures superficielles et intermédiaires déclenchent, au contraire, de vives douleurs, la sensibilité étant conservée, et l'apparition rapide de phlyctènes. Il est impossible de savoir d'emblée si une brûlure est superficielle ou intermédiaire Par conséquent, je redouble de prudence dans certaines localisations comme les narines, les paupières, les oreilles (c'est-à-dire les organes à peau mince) et le cuir chevelu car les cheveux retiennent plus longtemps le liquide. La plupart du temps, c'est l'évolution de la pathologie qui permet de trancher définitivement entre brûlures superficielles, épidermisées au bout de 2l jours, et brûlures intermédiaires qui suppurent jusqu'au 1e jour et ne cicatrisent pas avant le 21e jour. En résumé, nous considérons que la brûlure est bénigne lorsqu'elle est peu étendue (moins de 5 % de la surface corporelle) et peu profonde (deuxième degré, superficielle). Au-delà, nous estimons que l'accident est grave.
- Martine Geslin
À quels endroits du corps se localisent le plus souvent les brûlures ?
- Dr de Babeche Les régions du corps le plus souvent touchées sont les zones découvertes : la paume de la main, la face et les membres.
- Martine Geslin
Lorsque vous effectuez le bilan clinique, quels éléments entrent en ligne de compte ?
- Dr de Babeche Plusieurs paramètres doivent être envisagés : surface, profondeur et siège de la lésion, d'une part, et d'autre part, l'âge du patient et le terrain. La surface s'apprécie en pourcentage à l'aide des tables de Lund et Broweder, plus précises que la classique règle des 9 de Wallace.
Quant à la profondeur, on distingue trois degrés d'atteinte :
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Le premier degré se manifeste par un érythème douloureux de la peau sans phlyctène. Seul l'épiderme est atteint; la guérison intervient en quelques jours sans laisser de séquelles. Le deuxième degré s'identifie par l'apparition de phlyctènes dues au décollement des tissus lésés.
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La brûlure superficielle du deuxième degré, au sous-sol rouge bien vascularisé, génère une douleur intense. Toutefois, elle peut guérir sans laisser de cicatrice en une à deux semaines. La brûlure du deuxième degré profond se remarque au sous-sol blanc de la peau, piqueté de rouge. La brûlure s'épidermise au bout de plusieurs semaines et entraîne des cicatrices. Elle est modérément sensible. En fait, moins ça fait mal, plus la lésion risque d'être grave.
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La brûlure du troisième degré provoque une nécrose qui détruit l'épiderme. La peau est blanche ou brune, sèche, sans phlyctène. La zone blessée a perdu sa sensibilité par annihilation les fibres nerveuses. Le réseau veineux sous-cutané apparaît.
La brûlure est très grave : aucune cicatrisation spontanée ne peut se faire, il faut recourir à l’acte chirurgical pour réaliser une greffe de peau. Je suis vigilante sur l’âge de l’enfant d’une part car, chez les moins de 2 ans, le pronostic devient catastrophique ; d’autre part, sur son état général: lorsqu’il existe des pathologies associées, le pronostic s’aggrave. Enfin, j’insiste particulièrement sur la localisation. Lorsque se présentent des brûlures du périnée, le risque de contaminations bactériennes précoces et intenses s'accroît. De même lorsqu'il s'agit de lésions sur le visage, des complications respiratoires par œdème pharyngo-laryngé et de la glotte peuvent survenir.
- Martine Geslin
Quels gestes salutaires peuvent être accomplis sur le lien de l'accident en attendant l'arrivée des services d'urgence?
- Dr de Babeche Dans tous les cas, il faut enlever les vêtements souillés. Lorsque la brûlure concerne une zone du corps non recouverte, par des vêtements, il faut laver abondamment, pendant 10 à 15 minutes, la zone touchée y compris s'il s'agit de l'œil (les brûlures oculaires sont presque toujours d'origine chimique) afin de refroidir la brûlure.
On peut utiliser de l'eau du robinet ou de la douche ; elle doit être froide mais non glacée. Cela freine la propagation de 1,3 chaleur en profondeur et diminue la sévérité des lésions.
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Si la brûlure est superficielle (premier degré), appliquer de la Biafine. Recouvrir la brûlure avec un linge propre, humide, non pelucheux.
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Si la brûlure est un peu plus profonde (deuxième degré), on peut percer les cloques éventuelles avec des ciseaux propres. Tulle gras et compresses sont recommandés. On peut calmer la douleur avec du Doliprane.
Ces conseils conviennent aux brûlures du premier et du deuxième degré. Néanmoins, même en cas de brûlures légères, le pharmacien peut recommander de consulter le médecin traitant, d'autant plus que l'enfant est très jeune.
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Les brûlures plus graves (troisième degré) nécessitent le recours au Samu et à l'hospitalisation d'urgence dans un service spécialisé. Dans ce cas-là, ne rien donner à boire ni à manger. La vaccination anti-tétanique est systématiquement vérifiée.
ET APRES ? RESPONSABILISER LES PARENTS
En cas de brûlure grave, l'enfant, après son hospitalisation, doit continuer à recevoir des soins spécifiques, indissociables du traitement.
Ce sont alors les parents qui prennent le relais à domicile.
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Liens utiles |
Société française d'études et de traitement des brûlures avec la liste des centres de brûlés
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Protocole de soins en vigueur à l'hôpital Armand Trousseau à Paris |
En cas de brûlures superficielles du premier ou deuxième degré, des soins locaux sont réalisés :
• nettoyage à la chlorhexidine 0,05%
• application de tulle gras sur une couche épaisse de Mitosyl
• pansement occlusif et résistant à garder pendant une semaine.
A l'issue de cette semaine, l'enfant est revu en consultation.
• En cas de doute sur la profondeur de la brûlure, l'enfant est dirigé vers la salle de pansements.
• En cas de brûlure grave, et après l'avis d'un chef du service des brûlés, une hospitalisation est proposée.
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